vendredi 12 février 2010

La plage de Yarakh, sous la menace de la pollution.

Située en plein cœur de la banlieue dakaroise, le quartier Yarakh est l’une des rares localités de la capitale sénégalaise à pouvoir bénéficier d’une plage. Cependant, ce don de la nature fait aux populations de la ville de Dakar en général, à celle de Yarakh en particulier, est dans un état de déliquescence avancée. Nous sommes le mercredi 10 février, il est 15h15 au moment où nous mettons les pieds à yarakh. Le premier constat que l’on fait une fois sur cette plage, avant la forte densité humaine, c’est l’odeur qui y règne. Elle est insoutenable. Elle traduit la putréfaction de plusieurs déchets organiques sur les lieux. La forte concentration humaine s’explique quant à elle par la présence d’un marché, celle des prêcheurs qui l’alimentent en poissons de tout genre, et par la présence d’une poissonnerie à deux pas du marché. Cette plage qui s’étend sur près de 200km est donc la principale source économique de ces populations qui, malheureusement, au regard de l’insalubrité qui y règne ne lui expriment aucune gratitude. Sur la berge, entre algues décomposées et charognes de poisson, on ne sait où donner de la tête. En arpentant la côte, c’est en premier une tête de dauphin en décomposition qui suscite notre intérêt. Sur des algues plus nombreuses que d’ordinaire, la tête de ce mammifère marin gît, ballottée par les allées et venues des vagues. À vue d’œil il est difficile de dire depuis combien de jours cette tête pollue l’air de la plage de Yarakh ; trois jours… peut-être même plus. Devant cette image plutôt atypique pour une plage, nous décidons de prendre une photo .Mais plus on prend de la distance, plus nous avons recours à l’appareil photo. Notre intérêt porte soit pour un tas d’ordures qui baignent dans l’eau de mer, soit pour un groupe de chats qui se régalent des nombreuses ordures qui jonchent la plage. Ces ordures sont le lien entre cette pollution et ses auteurs que sont les populations. Celles-ci sont à près de 100% responsables de la pollution qui détruit l’écosystème marin à Yarakh. Quand ce ne sont pas les marchands de poissons qui viennent jeter écailles de poisson ou poissons avariés, ce sont des enfants qui déversent des restes d’aliments en mauvais état. D’autres, grands comme petits vont même jusqu'à faire leurs besoins sur la plage .Le nombre de charognes de méduses ou de fretins ne se compte plus sur la côte de Yarakh. L’eau troublée par le flux de déchets qu’elle reçoit est d’une composition qui ne relève plus du naturel. La Noirceur est désormais ce qui la caractérise, et la puanteur ce qui la rend répulsive, partant, invivable pour certaines espèces maritimes telles que ces méduses .Leur carcasse sur la plage relève presque du naturel dans cette localité .Pendant que nous nous lamentions de cet état de faits, devant une population visiblement insensible, voilà qu’une femme, sans aucune gêne nous prie de lui céder le passage afin de pouvoir verser des ordures ménagères. Dans son dépôt on a pu remarquer des grains de riz, des tiges de légumes, et quelques peaux de poisson séché. Quelques instants plus tard, non loin de là, c’est la rencontre d’un groupe de garçonnets que nous faisons. Le plus grand doit avoir 7 ans. Nus pieds, vêtus d’un simple boubou pour certains, d’un sou vêtement pour d’autres, ces jeunes gens s’amusent dans la vase qui est formée à partir d’algues mortes, et des eaux suées émanant d’un canal d’évacuation qui donne sur la mer. Pour certains parmi eux, c’est un football que l’on pourrait qualifier d’aquatique qui est le divertissement tandis que pour d’autres, c’est jouer au pêcheur, poisson en main qui constitue la distraction. Ce genre de scènes nous allons en rencontrer au moins une demi-dizaine. Pour chacune d’elles, aucun adulte de la localité ne viendra admonester ces enfants à cause des risques auxquels ils exposent leur santé, du moins pas devant nous. En cherchant à savoir si ces habitants songent à prendre des initiatives pour inverser ce processus de dégradation de l’environnement, on a pu recueillir les propos de SAMB DAOUDA, un natif de ce quartier : « seul l’État a la capacité d’assainir Yarakh. À ce niveau de pollution, c’est uniquement avec de gros moyens que l’on peut venir à bout de ce problème » nous confie t-il. Les autres personnes questionnées nous tiendront un discours dans lequel la responsabilité de l’insalubrité de la plage sera dégagée soit sur la mairie de la Baie de Hann, soit sur la nature elle-même. La première citée aurait rompu le contract qui la liait à une société d’assainissement de la plage, et la nature quant à elle, plus précisément la mer, charrierait tous les déchets des plages à l’entour à Yarakh qui leur sert donc réceptacle .C’est en gros une image morose que nous a présentée de la plage de Yarakh. En dépit de la quiétude qui semble prévaloir dans ce quartier, ce sont les questions inhérentes à l’environnement qui nous ne cessent de nous turlupiner ; notamment celle de la préservation de cette plage qui est en train de perdre sa beauté, et celle des risques de maladies auxquels s’exposent ces habitants.

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